Giuseppe Fort

XIVe siècle : La conjuration
venitienne de Baiamonte Tiepolo

- traduction de Claude Courtois Vérine -

 


«Une histoire vénitienne du quatorzième siècle» en racontant la révolte manquée de Baiamonte Tiepolo contre l'oligarchie vénitienne, examine la grandeur et les limites de toute tentative de changement violent de la réalité économique et politique.
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L'auteur, Giuseppe Fort est né à Venise

L'activité littéraire - et en particulier le roman historique - est le moyen qu'il a choisi pour clarifier pour lui-même et tenter de communiquer aux lecteurs le sens de toutes ses aventures intellectuelles et existentielles souvent variées et contradictoires.
Des années d'après guerre à aujourd'hui sa participation à la vie culturelle et politique de l'Italie a été en fait très intense : professeur de lycée, professeur d'université, journaliste, essayiste et pendant de longues années responsable d'un parti de masse.
 






 

Dans la nuit du 15 Juin 1310 sous une pluie battante, comme le racontent les chroniques de l’époque, deux colonnes de conjurés guidées par Baiamonte Tiepolo et Marco Querini se dirigèrent vers le Palais du Gouvernement et sur la place Saint Marc et affrontèrent les milices du doge Gradenigo.
Les rebelles s’inspiraient apparemment des vieilles libertés communales contre la fermeture du Grand Conseil qui avait légalisé le droit exclusif des trois cents plus riches familles de Venise d’accéder aux plus hautes charges de la République.
Mais à la base de la conjuration on trouvait d’une part le désir d’un retour au passé désormais dépassé par les nouvelles technologies, les nouvelles formes d’organisation économiques et la concentration des capitaux et d’autre part le rêve utopique de la réalisation d’une société organisée selon l’Evangile.
Le roman s’articule et se déroule à travers le récit précis des projets, des élans, des hésitations de certains protagonistes de la conjuration : patron de navires, marchands itinérants, ouvriers de l’arsenal avec des franciscains

spiritualistes, hérétiques, réformateurs politiques, rêveurs de toute sorte. Autour d’eux, l’auteur fait vivre une foule de personnages mineurs : gens du peuple, petits commerçants, nobles exclus des charges du gouvernement.
Prend vie un ample panorama de la Venise des débuts du XIV°s., avec ses fondouks et ses palais. Et en toile de fond, la lagune, ses îles, ses canaux.... L’œil attentif du lecteur trouvera ensuite dans les pages de ce volume plus d’une ressemblance avec le changement politique et culturel qui s’est produit en passant du XIII°s. au XIV°s. et la crise actuelle dont nous sommes les spectateurs impuissants.
La même nostalgie pour un passé idyllique, les mêmes espoirs et propositions de société basée sur la justice et sur un plus haut degré de sociabilité
Frère Giacomo des Mineurs et sa compassion pour les souffrances du peuple, le capitaine Barozzo et son sens instinctif de la justice, le diacre Paul et ses projets irréalisables de gouvernement honnête, et à l’opposé, un monseigneur Pietro, capable d’ourdir lucidement des complots secrets contre le peuple, sont des personnages que nous retrouvons encore aujourd’hui autour de nous et avec lesquels nous sommes obligés de nous confronter chaque jour.
 

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Les conséquences des actions des hommes sont, très souvent, autres que celles qu'ils voulaient et se proposaient d'atteindre, et que dans l'immédiat ils savent et veulent.

G. E. Hegel

 


 

Présentation

Le volume que nous présentons ici est le deuxième d'une trilogie que l'auteur sous le titre d'ensemble : Utopies, a dédié à la description des desseins, des instruments, des espoirs de changement qui depuis des siècles se répandent dans les civilisations occidentales.
« Utopies », dans le sillage de la célèbre définition de Thomas More, parce que ce sont des rêves jamais réalisés mais toujours présents comme horizon inéluctable du fait historique.
Sur la base de ses propres expériences politiques - souvent décevantes, quelquefois tragiques - Giuseppe Fort a fixé son attention sur les trois utopies les plus récurrentes dans l'histoire de ces vingt derniers siècles.
Le moyen choisi pour cet excursus a été le roman historique qui lui a permis de saisir les milieux et les faits où la plus évidente aspiration à un changement radical affleure à la surface de l'histoire.
Dans le premier roman - « Le siège de Jérusalem », le sujet est l'attitude apocalyptique, c'est-à-dire l'espérance en une intervention divine décisive dans les affaires des hommes - fondamentale dans le monde hébraïque durant la période qu'on appelle la Guerre de Judée.
Le second roman, « Une histoire vénitienne du quatorzième siècle », mis ici en ligne, en racontant la révolte manquée de Baiamonte Tiepolo contre l'oligarchie vénitienne, examine la grandeur et les limites de toute tentative de changement violent de la réalité économique et politique.
Le troisième volume, « Les illusions de la raison », en décrivant l'action politique d'un groupe d'intellectuels milanais, adeptes de la philosophie des Lumières, a comme sujet les limites de toute action réformatrice.
Il va de soi que, en ce qui concerne ces trois romans, l'attention et le jugement du lecteur doit se concentrer davantage sur la construction des personnages, le récit des événements, la description des milieux que sur les éléments d'analyse politique qui en sont la base.

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Une Venise tourmentée et fascinante descrite par un homme qui a longuement écouté le rythme de ces eaux lentes, leur silence mystérieux et expressif, le son, la musique de ses pierres, l'écho qu"elles renvoient et qui rebondit d'un siècle à un autre, d'un destin à un autre destin dans l'utopie réalisée que Venise a été, faite de lumière, d'eau,, de marbre et que malgré tout elle est encore.

 


  - INDEX

- Préface de Gianfranco Bettin

- Chapitre I : Le diacre Paul

- Chapitre II : Le départ du Sainte Euphémie

- Chapitre III : En mer.

- Chapitre IV : L’arrivée à Curzola

- Chapitre V : La Confrérie ou Scuola de Sainte Ursule

- Chapitre VI : La Communauté de San Lorenzo

- Chapitre VII : Illusions et réalités

- Chapitre VIII : Retour à la maison

- Chapitre IX : La ‘fraterna’ ou les affaires en famille

- Chapitre X : Le ‘mesa’- au bureau

- Chapitre XI : La ‘colleganza’

- Chapitre XII : L’attentat de l’arsenal

- Chapitre XIII : La réunion des conjurés

- Chapitre XIV : Polémiques et refus

- Chapitre XV : Le cercle de San Basso

- Chapitre XVI : A Murano

- Chapitre XVII : Monseigneur

- Chapitre XVIII : Les manœuvres des grands

- Chapitre XIX : La fête des Maries

- Chapitre XX : L’incendie dans la rue

- Chapitre XXI : Au palais des Tiepolo

- Chapitre XXII : Grands et petits

- Chapitre XXIII : La révolte

- Glossaire

 

 


                                    © G. Fort, C. Vérine || 4.11. 2009 || retour || écrire